Robert Dussey : « Il faut mettre fin à l'Afrique des tribus »
Robert Dussey était l'invité lundi à Paris du Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE). Le conseiller diplomatique du président du Togo est en tournée de promotion de son livre « L'Afrique malade de ses hommes politiques». « Pas une question, mais une affirmation », note M. Dussey. Un ouvrage paru il y a quelques mois aux Editions Jean Picollec.L'auteur ne pratique pas la langue de bois. « Oui, les Africains veulent changer leur continent », affirme-t-il, mais deux conditions freinent cette évolution. « La présence de nombreux dirigeants ignorants et inconscients, associée parfois à un contexte historique ».Robert Dussey n'est pas tendre à l'égard de la classe politique africaine, soulignant l'absence de véritables leaders et le penchant des présidents à s'accrocher au pouvoir. « Un, deux ou trois mandats au maximum sont suffisants. Si un chef d'Etat n'est pas parvenu à développer son pays en 10 ans, ce n'est pas en trente ans qu'il le fera », explique-t-il.Au passage, il dénonce l'« absence de vision des élites africaines » et la gestion du continent en une « Afrique des tribus ».Inévitablement, l'auteur est interrogé sur la situation au Togo tout en faisant remarquer qu'il a écrit son livre en qualité d'universitaire et non de conseiller présidentiel.Certes, confie-t-il, l'arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé en février 2005 a été « difficile et même catastrophique, mais ce qu'il a accompli depuis avril 2005 prouve qu'il est sur le bon chemin ; il est à l'origine d'un grand changement au Togo ».Pour M. Dussey, « il faut aider Faure à opérer les transformations de l'intérieur ». Et le grand défi qui attend le Togo est l'élection présidentielle de 2010.Le conseiller de Faure Gnassingbé cite, parmi les grandes réformes, celle de l'armée où désormais « la promotion se fait au mérite et non plus par le piston ou en fonction de considérations ethniques ». « Chaque soldat a maintenant un véritable plan de carrière », souligne l'universitaire.Il mentionne aussi la libéralisation des médias : « La parole est maintenant libérée au Togo ».Robert Dussey évoque enfin les relations entre le Togo et la France jugeant que l'ère de la françafrique est révolue et donnant comme exemple les négociations en cours entre Lomé et Paris sur les accords de défense.En photo : à l'issue de la conférence de presse, Robert Dussey est interrogé par la radio France Info